jeudi 8 mars 2007

...

Un gars que je connaissais bien s'est enlevé la vie dans la nuit de mardi à mercredi. Il s'est pendu. Je suis aux premières loges parce que je suis très proche de plusieurs de ses proches. Mais je ne le considérais pas comme un ami. On ne s'aimait pas beaucoup. Moi, je m'en méfiais parce qu'il avait une petite tendance à mentir et à faire pitié pour se faire pardonner. Lui, il ne m'aimait pas parce que j'avais révélé des choses qu'il avait faites dans le dos de certaines personnes que j'aimais... Ça fait une éternitée de ça. À chaque fois que je le voyais, je me disais qu'il n'avait pas l'air d'aller bien. Mais je ne faisais rien.
La dernière fois que je l'ai vu, c'était la semaine passée. Il est venu où je travaille pour voir un de mes collègues. Après qu'il soit parti, j'ai demandé à mon collègue si c'était sérieux entre eux. Le collègue m'a répondu Peut-être... Et je n'ai pas pu m'empêcher de le mettre en garde, en lui racontant en gros ce qu'il avait fait à mes amis.
Une heure plus tard, je me sentais mal. J'ai rappelé mon collègue à son bureau et je me suis excusé. Écoute, tout ce que je t'ai raconté, ça s'est passé v'là presque 10 ans. J'ai l'impression d'avoir été langue sale, pis je me sens mal. Je trouve vraiment que tu es un gars fantastique et je ne voudrais pas qu'il t'arrive du mal, c'est tout. Fait toi ta propre oppinion. Peut-être qu'il a changé. Je souhaite vraiment qu'il ait réglé ses mauvais paturns, parce que je pense que ça fait plusieurs années qu'il ne va pas super bien. Mon collègue m'a dit qu'il avait compris que j'avais fait ça par amitié et non pas pour détruire l'autre...
Hier soir, encore plein de remords suite à cette nouvelle mort, je me disais que toutes les fois où je l'avais croisé et où il m'avait semblé aller mal, j'aurais peut-être pu lui demander s'il avait besoin d'aide. Je restais avec une mauvaise impression vieille de v'là dix ans, et je continuais ma route. Moi qui prone l'entraide et qui donne ma chemise à des étrangers, j'ai même pas été capable d'aider ce gars-là. Je focussais sur les quelques mauvais souvenirs au lieux de regarder ce qu'il y avait de beau en lui: C'était un excellent acteur. Je l'avais vu jouer deux fois au théâtre et les deux fois, il m'avait jeté par terre. Il avait donné de son temps, une fois, pour lire un de mes textes dans une lecture publique. J'ai passé presque tous mon été 2001 avec lui et sa gang dans les bars du village, à danser et à boire... Il aimait vraiment la fête...
La dernière fois que j'ai pensé à lui, c'était il y a quelques jours. Je lui avais souhaité, dans mon coeur, de trouver sa lumière... Je ne savais pas pourquoi j'avais pensé à lui. Et hier, j'apprends ce geste d'une violence infinie. Je trouve ça d'une tristesse incroyable. Il n'aura pas trouvé la force pour la surmontée sa montagne. Et je trouve que c'est terrible. Honnêtement, je le jugeais beaucoup sur ce qu'il avait fait, et je ne devais pas être le seul. Je m'en veux beaucoup. J'ai manqué à mon premier accord: Que ma parole soit impéccable. J'ai été tellement dur avec lui. Qui sommes-nous pour juger? Qu'est-ce qui me dit que je n'aurais pas fait pire dans les mêmes situations, avec le même bagage? On ne devrait jamais juger. Jamais! Ce que je trouve le plus triste c'est que la personne qui le jugeait le plus, c'était lui. On récolte ce que l'on sème. À force de s'autodétruire, il n'a pas su voir les mains tendues autour de lui. Pour ce faire du mal au point tel de se tuer au bout d'une corde, il faut s'en vouloir et s'haïr à mort. Et ce qui me vient à l'esprit ce matin, c'est qu'il faut savoir se pardonner. Il faut absoluement arrêter de s'infliger des punitions violentes!
Alors voilà. Que dire de plus, encore une fois? Que la vie est si fragile...

Cher B. depuis hier, je n'arrête pas de t'entourer de lumière et d'amour.
Je te demande pardon de t'avoir si durement jugé. Et d'être resté avec mes sentiments négatifs pendant si longtemps.
Au fond, je t'enviais.
Je te souhaite de reposer en paix. Complètement.
Je t'envoie tout l'amour du monde, bel homme.
Bon voyage!

XXX

4 Commentaires:

Blogger Catherine a ajouté...

Ouf.. c'est jamais facile ces situations là! Je viens de laisser un message à GharL qui a un thème semblable sur son blogue aujourd'hui... Mon frère a perdu son meilleur ami cet été... ce dernier s'est suicidé, laissant derrière lui copine et 2 enfants mignons comme tout! Cette disparition a touché toute la famille, et encore aujourd'hui ça nous hante... Et tout le monde se dit toujours "et si j'avais fait quelque chose"... malheureusement nous sommes encore trop impuissant face à ce désespoir tellement incompris...

Tout ce qu'il nous reste à espérer c'est que son âme soit maintenant en paix..

Et à toi, ne t'en mets pas trop sur les épaules.. ;o)

10:36 a.m.  
Blogger Ness Eva a ajouté...

Très beau texte, Joss. Je trouve que c'est une belle auto-critique de tes gestes et paroles, mais en même temps, c'est un bel hommage que tu lui rends.

Mon père m'a toujours dit qu'il ne fallait pas rester faché indéfiniement contre les gens. Le jour où ces gens "partent", on s'en veut d'avoir été durs avec eux. J'essaie de l'appliquer le plus possible dans ma vie, mais ce n'est pas toujours facile. Je ne te juge pas pour ce que tu as fait/dit. Dans de pareilles situations, on ne peut savoir comment on aurait agi. Il faut le vivre pour le savoir. Si tu as eu de la rancune envers cette personne, c'est qu'elle devait t'avoir blessé. Beaucoup. Aujourd'hui, il est parti, mais je suis certaine qu'il t'a pardonné, tout comme tu lui pardonnes aussi. Il a tout effacé. Il ne voyait pas la lueur au bout du tunnel.

Une phrase que je garderai en mémoire TRÈS longtemps: "Qui sommes-nous pour juger?"

Mes sympathies, Joss ((HUGS))

1:46 p.m.  
Blogger Grande-Dame a ajouté...

Oh, Joss! Il faut te pardonner à toi aussi ton jugement sévère envers cette personne! Tu as agit comme tu le croyais juste.

C'est un bel hommage que tu lui rends. Tu sembles avoir une âme tellement humble et généreuse!

Ton message me touche. J'ai écrit la semaine dernière une looongue lettre à un ami de mon amoureux qui venait de lui confier avoir fait une tentative de suicide récemment et y songer ces temps-ci.

Il m'en voudra peut-être, c'était pas mes oignons, mais je ne pouvais pas ne rien faire.

On fait ce qu'on peut, les gens font de nos paroles et de nos gestes ce qu'ils veulent ensuite...

11:24 p.m.  
Anonymous Anonyme a ajouté...

Je trouve aussi que c'est un très beau texte Joss.

Tu sais, le pire là, c'est que peut-être qu'il n'aurait même pas accepté l'aide. On ne peut pas savoir.

Bonne journée quand même!

12:30 p.m.  

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