Europe 93
À l'été 1993, j'avais 19 ans. Avec 3 de mes amis, je suis parti faire le tour de l'Europe en train. 6 semaines, presque 10 pays, une nouvelle ville à tous les jours, et on voyage de nuit, comme ça on dort dans le train et on économise sur les chambres d'hotel. Aventure! J'y repense parce que hier, je suis tombé sur mon "journal de bord", pleins de souvenirs et de photos. J'avais fait ce collage sur la page couverture. À 19 ans, je voulais faire de la photo. Je mangeais de la pellicule. Je bouffais de l'image. J'étais avide de découverte et de liberté. Je réclamais ma vie à grands cris... Depuis des années, je rêvais de l'Europe, je l'imaginais, comme dans les vieux films français de Goddard ou de Bardot. J'étais un vrai ti-cul. Un ti-cul qui signait "L'Ange Noir" (Ouf!)...
Quelques mois avant ce grand départ, j'avais fait ma troisième et dernière tentative de suicide. J'avais été sauvé par Gente, un des quatre mousquetaires du Tour d'Europe... Je voulais que ma vie change. Que le malheur arrête. J'étais en train de changer mon attitude face aux choses. Je devenais un petit homme. Avant de partir, j'avais écrit de longues phrases sur des feuilles lignées d'écolier. Des feuilles encré de mes malheurs et de mes angoisses... J'étais allé à une rivière, et j'avais jeté les papiers dans le courant... J'ai fait la même chose lors de ma première journée sur le bord de la Méditerranée. Chiffonné mes cauchemars et je les ai confiés à la mer...
À cette époque, il était possible d'acheter une passe de train, bonne pour 1 mois (30 jours) Cette passe nous donnait accès à tous les trains, tous les pays d'Europe, toutes les villes... Toutes les merveilles... Et ce pour, si je me rappelle bien, seulement 250$... Dans notre itinéraire, nous avions prévu une boucle qui partait de Paris et qui revenait à Paris. Nous allions passer les 9 derniers jours dans la ville Lumière... 9 jours de bonheur. J'étais à Paris complètement libre. Complètement heureux... Contrairement à bien des histoires, je suis tombé amoureux de Paris dès ma sortie de train... Et cet amour n'a jamais failli. Pendant les 9 derniers jours, j'ai crevé de faim. Je n'avais plus d'argent, ou presque. Je préférais garder mes sous pour rentrer dans les Musées (Vive l'Art!) que pour manger... Alors, j'ai fouillé dans les poubelles de Paris (J'ai une certaine fierté de ça... Sûrement parce que c'est à Paris que ça s'est passé!) Je suis allé kémander de la bouffe dans les cuisines de restaurants (Les cuisiniers ont toujours été d'une sympatie exceptionnelle ("Bah! V'là que le Québec a faim! Faut le nourrir le petit Québécois... Allez! Dit-moi quelque chose..." et je leur disait "Tabarnack!" et ils riaient, et je bouffais... Hi! Hi! Hi!)
Extrait de mes premières lignes:
"Vendredi 28 mai 1993
C'est le départ!!!
J'ai littéralement des ailes! Je me sens bien et libre. Je me sens soulagé et rassuré... Hier, le party au chalet de Ju a été vraiment fantastique... Tant d'amitié... Europe me voici!!!"
"Samedi, le 29 mai 1993
Que d'aventure aujourd'hui!
Premièrement, on a atterri à Orly. On était pas mal excité. on a pris le bus et puis le métro pour se rendre au centre de Paris. Ce qui nous a frappé le plus en sortant du métro, ce sont les maisons. Les toits des maisons, en tuiles oranges et aussi les plaques des voitures. Avec nos gros sacs à dos, on avait l'air touriste. Je suis tombé en amour avec Paris. Je me verrais bien habiter ici. Ça a de l'esprit. Ça respire (!!! Intégral dans le texte... Première impression: Paris respire... Hum... Bizarre!) Nous avons mangé sur le bord de la Seine, en face de Notre Dame... Tant de siècles qui nous regardent à travers ces gargouilles. Et puis, on a marché... Marché... Et puis marché... Et le trouble a commencé quand nous sommes arrivés à l'auberge de jeunesse. Plus de places! On se retrouvais dans la rue pour coucher!!! Et ça faisait plus de 24 heures qu'on avait pas dormi. Finalement, on a voté pour utiliser tout de suite notre eurailpass. Nous allions tout de suite rouler vers Bruxelle. À la gare, ça a été l'enfer! Ça sentais la pisse, il y avait plein de bruits et de cries et on a attendu 2 heures pour monter dans notre train, mais on s'est trompé de wagon! Nous sommes débarqués, obligés, à Compiègne, à bout de nerfs et à bout de fatigue. Heureusement, la ville est sympatique. On était super découragés, car il était tard et on ne savait pas si on allait trouver une place pour dormir... Mais heureusement, nous avons croisé un gentil chauffeur d'autobus et il nous a aidé. Il disait être tombé en amour avec le Québec. Il nous a donné un lift jusqu'à l'auberge, gratuitement et la dame à l'auberge a été super gentille. Accueillante. J'écris présentement du dortoir, étendu sur le ventre, sur mon lit, par-dessus des draps blancs immaculés. Tout est tranquille ici. Une fenêtre est ouverte et des petits oiseaux gazouillent la fin de la journée. Le soleil se couche, ça me donne le goût de "deeper" (expression de ma jeunesse, qui voulait dire quelque chose comme "méditer" ou prendre du temps pour le silence... Je sais plus trop...) Enfin, après la pluie, viens le beau temps... "
Quelques mois avant ce grand départ, j'avais fait ma troisième et dernière tentative de suicide. J'avais été sauvé par Gente, un des quatre mousquetaires du Tour d'Europe... Je voulais que ma vie change. Que le malheur arrête. J'étais en train de changer mon attitude face aux choses. Je devenais un petit homme. Avant de partir, j'avais écrit de longues phrases sur des feuilles lignées d'écolier. Des feuilles encré de mes malheurs et de mes angoisses... J'étais allé à une rivière, et j'avais jeté les papiers dans le courant... J'ai fait la même chose lors de ma première journée sur le bord de la Méditerranée. Chiffonné mes cauchemars et je les ai confiés à la mer...
À cette époque, il était possible d'acheter une passe de train, bonne pour 1 mois (30 jours) Cette passe nous donnait accès à tous les trains, tous les pays d'Europe, toutes les villes... Toutes les merveilles... Et ce pour, si je me rappelle bien, seulement 250$... Dans notre itinéraire, nous avions prévu une boucle qui partait de Paris et qui revenait à Paris. Nous allions passer les 9 derniers jours dans la ville Lumière... 9 jours de bonheur. J'étais à Paris complètement libre. Complètement heureux... Contrairement à bien des histoires, je suis tombé amoureux de Paris dès ma sortie de train... Et cet amour n'a jamais failli. Pendant les 9 derniers jours, j'ai crevé de faim. Je n'avais plus d'argent, ou presque. Je préférais garder mes sous pour rentrer dans les Musées (Vive l'Art!) que pour manger... Alors, j'ai fouillé dans les poubelles de Paris (J'ai une certaine fierté de ça... Sûrement parce que c'est à Paris que ça s'est passé!) Je suis allé kémander de la bouffe dans les cuisines de restaurants (Les cuisiniers ont toujours été d'une sympatie exceptionnelle ("Bah! V'là que le Québec a faim! Faut le nourrir le petit Québécois... Allez! Dit-moi quelque chose..." et je leur disait "Tabarnack!" et ils riaient, et je bouffais... Hi! Hi! Hi!)
Extrait de mes premières lignes:
"Vendredi 28 mai 1993
C'est le départ!!!
J'ai littéralement des ailes! Je me sens bien et libre. Je me sens soulagé et rassuré... Hier, le party au chalet de Ju a été vraiment fantastique... Tant d'amitié... Europe me voici!!!"
"Samedi, le 29 mai 1993
Que d'aventure aujourd'hui!
Premièrement, on a atterri à Orly. On était pas mal excité. on a pris le bus et puis le métro pour se rendre au centre de Paris. Ce qui nous a frappé le plus en sortant du métro, ce sont les maisons. Les toits des maisons, en tuiles oranges et aussi les plaques des voitures. Avec nos gros sacs à dos, on avait l'air touriste. Je suis tombé en amour avec Paris. Je me verrais bien habiter ici. Ça a de l'esprit. Ça respire (!!! Intégral dans le texte... Première impression: Paris respire... Hum... Bizarre!) Nous avons mangé sur le bord de la Seine, en face de Notre Dame... Tant de siècles qui nous regardent à travers ces gargouilles. Et puis, on a marché... Marché... Et puis marché... Et le trouble a commencé quand nous sommes arrivés à l'auberge de jeunesse. Plus de places! On se retrouvais dans la rue pour coucher!!! Et ça faisait plus de 24 heures qu'on avait pas dormi. Finalement, on a voté pour utiliser tout de suite notre eurailpass. Nous allions tout de suite rouler vers Bruxelle. À la gare, ça a été l'enfer! Ça sentais la pisse, il y avait plein de bruits et de cries et on a attendu 2 heures pour monter dans notre train, mais on s'est trompé de wagon! Nous sommes débarqués, obligés, à Compiègne, à bout de nerfs et à bout de fatigue. Heureusement, la ville est sympatique. On était super découragés, car il était tard et on ne savait pas si on allait trouver une place pour dormir... Mais heureusement, nous avons croisé un gentil chauffeur d'autobus et il nous a aidé. Il disait être tombé en amour avec le Québec. Il nous a donné un lift jusqu'à l'auberge, gratuitement et la dame à l'auberge a été super gentille. Accueillante. J'écris présentement du dortoir, étendu sur le ventre, sur mon lit, par-dessus des draps blancs immaculés. Tout est tranquille ici. Une fenêtre est ouverte et des petits oiseaux gazouillent la fin de la journée. Le soleil se couche, ça me donne le goût de "deeper" (expression de ma jeunesse, qui voulait dire quelque chose comme "méditer" ou prendre du temps pour le silence... Je sais plus trop...) Enfin, après la pluie, viens le beau temps... "
5 Commentaires:
Oh, jolie idée que de ressortir les notes de ce voyage. Je ne commenterai pas Paris, car on dira que j'ai un parti pris. :) Mais c'est vrai que Paris est extra, peu importe ce qu'on peut entendre à son sujet.
J'ai aussi bcp aimé Paris lorsque je l'ai vraiment découverte seule pdt une pleine semaine de fin juin le temps d'un stage de relation d'aide, d'une coupe du monde et de la gaypride lol.
C'est une belle ville. Y vivre me plairait moins en revanche : trop de stress.
Et, pour avoir découvert les auberges de jeunesse et les backpackers bien plus tard, je confirme que ç'est un extraordinaire moyen de voyagé par les échanges et dans la joie avec le monde entier dans la même maison : ç'est géant !
Bises calédoniennes,
Dimitri
J'aime lire tes aventures... Je rêve...
Cousine xxx
Allo Paris il est si tard!
Comme j'aimerais y aller, ça fait rêver tout ça..
Tu sais, c'est vraiment très généreux de ta part de partager ces souvenirs (et ton journal !) avec nous. C'est très touchant.
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