vendredi 18 avril 2008

Crash!

Si j'ai été particulièrement silencieux et même totalement absent depuis plusieurs mois, c'est parce qu'il y a eu un très gros projet dans lequel je m'étais embarqué vers la fin novembre. J'y ai cru et j'ai travaillé fort pour que tout fonctionne... Croyez-moi, je n'ai pas ménagé le travail! J'avais l'impression d'enfin atteindre un de mes plus grands buts... Celui d'écrire une série télé! Je me sentais en total confiance avec l'équipe de producteurs et mon script-éditeur allait être un des auteurs télé les plus talentueux du moment... Radio-Canada s'intéressait à mon idée... Et puis il y a eu le Go! officiel... Et puis la bouteille de champagne! Pop! et puis... quelques jours plus tard, le crash... Comme ça arrive très souvent... "Non, ça ne fonctionnera pas comme on l'avait espéré... " - J'ai pleuré comme si ça avait été une peine d'amour!

Et puis les jours sont passés. Je suis retourné travailler pour mes Traiteurs. J'ai commencé à travailler (non sans avoir un goût hyper amer dans le fond de la gorge) dans un petit café dans le Vieux Montréal... J'ai dû annuler mes vacances au soleil (qui m'auraient pourtant fait tant de bien!) avec Yannou... Et puis, j'ai recommencé à écrire... Écrire autre chose que cette série que j'ai porté tout au long de l'hiver dans mes trippes... Ça a commencé par sortir en mails à mes amies, ma famille:

"Bien que le printemps soit ensoleillé ces jours-ci à Montréal, les jours sont loin d'être à la fête ici. Difficile, difficile, difficile le milieu où je me suis engagé à faire carrière. Pas beaucoup de place disponible. Il faut jouer du coude. Pousser. Se battre. Et se préparer à en recevoir des bonnes par la gueule aussi!
Je suis à me demander si je ne suis pas en train de m'acharner pour rien. Quand est-ce qu'on sait si on s'acharne ou on persévère? C'est quoi la différence? Je ne pense pas qu'il est trop tard pour moi. Je suis encore un "jeune" dans le milieu des auteurs. La trentaine pour les auteurs, c'est la vingtaine des gens "normaux". La plus part se font reconnaître dans la quarantaine, alors je pourrais ne pas m'en faire trop avec ça. Mais je suis tanné, écoeuré et grandement jaloux des "autres"... Pas seulement les autres auteurs, mais les "autres" at large... Autour de moi, les autres de mon âge... Ils en sont déjà à s'acheter leur première maison (quand c'est pas la deuxième) les premiers bébés sont déjà nés depuis un bout et les familles sont déjà solidement enroutinés... Je dois être un des seuls parmi mes amis à ne pas avoir eux de sous pour aller dans le Sud cet hiver et surtout à encore me faire payer mes billets d'autobus par mes parents...
C'est dans ces moments-là qu'on se dit : " Bon, qu'est-ce que je fais de ma vie?" Qu'est-ce que je suis en train de faire? Je suis-tu en train de passer à côté? Je cours-tu après un rêve qui se réalisera jamais? ...Je ne sais pas, je n'ai pas de réponse...
(...)On m'a rassuré: "Ce n'est pas un manque de talent!" mais on m'a assuré que pour écrire de la télé, il faut "entrer dans les cases" pré-défini, et ce que je propose manque trop d'expérience pour passer le test de Radio-Canada ou même d'une autre chaîne. Nous ne sommes plus dans les années 60 ou 70, quand on pouvait passer du Cabaret au théâtre et du théâtre à la télé, l'ère des vases communiquants est bel et bien résolu. Partout il y a se manque d'argent et cette compétition constante... Expérience en théâtre égal zéro expérience en télé! La tarte qu'on se partage est de plus en plus petite, et nous sommes, malheureusement, le plus en plus nombreux à en vouloir un morceau...
(...) On m'a suggéré d'aller chercher une formation, des stages... Investir, encore et toujours, avant que ça rapporte, peut-être... Alors, je suis allé ce matin à la cueillette d'informations sur les formations en scénarisation... Je pense que je vais faire des demandes... Formation à l'INIS, Certificat en scénarisation à l'UQAM, stages... ? Trouver les armes, les moyens pour ne plus avoir cette crainte de ne pas être à ma place (pendant tout l'hiver, pour être parfaitement honnête, il y a eu constamment cette crainte d'être "découvert" comme étant un imposteur, qui m'a fait être complètement insupportable pour tous les miens, incluant mon amour à la patience d'ange!) mais bel et bien apprendre ce métier, ces rouages et sa discipline, connaître des gens qui le pratiquent, m'en faire un vrai réseau et avancer...
(...)En attendant de voir si je peux "fiter" dans une formation, ou si là aussi je vais être rejeté, je travaille dans un petit café... Et à tous les jours, vient à mon café un gars avec qui je suis allé au secondaire. Lui a toujours le porte feuille plein et les habits bien repassés. Il est avocat et semble réussir à merveille. À chaque fois, c'est toujours un peu plus humiliant de lui sourire et de faire comme si...
"Bonjour Ian. Oui! Ça va super bien, toi? ... Super! Passe une bonne journée! C'est ça, à demain..."
Rien de réjouissant. Rien non plus qui ressemble à des bonnes nouvelles. À part peut-être les yeux brillants de Janette aux portes ouvertes de l'INIS. Je sais qu'elle a vu quelque chose en moi. Je m'accroche donc (sans savoir si je m'acharne ou si je persévère)Mais j'ai le goût d'y croire encore... J'y crois comme un con!"


L'espoir m'est revenu au coeur comme le soleil est revenu briller sur Montréal. Je ne sais pas pourquoi, mais tout semble s'arranger pour le mieux!
La vie me semble à nouveau belle et généreuse!

2 Commentaires:

Blogger Yannou a ajouté...

Mon cher Joss, heureuse de te retrouver dans la blogosphère. J'ai hâte de te voir en vrai. Un souper cette semaine? C'est DLVV que je veux répondre à ton billet. Car ta situation ne doit pas te décourager de travailler comme auteur, mais tu dois en tirer des leçons...

Je ne pense pas que tu doives faire l'Inis ou l'UQAM. Non. Mais tu dois faire des films, des courts métrages, rencontrer des réalisateurs-trices, te faire connaître dans le milieu. Tu dois faire tourner tes idées, pas seulement les écrire...

Et c'est certain que c'est un métier ardu, faut être un peu fou et terriblement passionné. Et c'est désolant de voir que la télé nous offre toujours en encore les mêmes vieux plats réchauffés, et que c'est si difficile d'avoir de nouvelles visions dans la télé d'ici. Mais ce n'est pas la seule option...

10:18 a.m.  
Blogger Joss a ajouté...

C'est le conseil de mes producteurs de faire l'INIS et je trouve que c'est un très bon conseil. En plus, j'ai eu un très bon contact là-bas. Tu parles de contact et de faire tourner mes textes, c'est ce que je fais, mais il me manque des contacts avec les gens qui en font. L'INIS est le meilleur moyen de rencontrer des gens, Yannou. Pour vrai, personne n'a le temps de m'aider à réaliser mes projets sans qu'il y ait du véritable argent ou des retombées sûres et certaines. Je ne connais personne dans le milieu qui a le temps. Pas grand monde vient dans les soirées de lectures non plus... Alors, oui, je veux bien les faire tourner mes textes, c'est ce que je fais, mais un film, un clip ou même une capsule sur le net ne se fait pas seul...

9:33 a.m.  

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